Cousine, Ma SœUr, Ma Semblable

Cousine, ma sœur, ma semblable

Jpj, Andernos, juillet 1965

Nous, en ce temps-là, Jean et moi, on naviguait en 420 planning au largue et aussi au plus-prés-serré embarquant de l'eau à chaque vague. Eau salée chargée d'algues, pleine d'odeurs que je pourrais encore vous dire aujourd'hui. Tant de temps après.

Les madeleines de Proust habillaient notre dériveur et chaque fragrance m'est restée en mémoire.

Surtout celles de la cousine. Sacrée cousine !

On était toute une bande sur la plage du Mauret. Tous les jours à cascader les pare-feu en mob bleue et ou à régater en dériveurs déchaînés entre les bouées rouges devant le haut ponton du club, côté Neptune et ses tamaris.

Quand cette cousine est arrivée, ma cousine à moi, pas celle d'un autre, non, on a tous compris que l'été de nos seize ans était là, plein pot. Jack le pot. Pot, Pot !!!
Elle était monitrice dans une colonie de vacances de son village, de Paris, de Charenton. On savait qu'il y avait entre Quinconces d'Andernos et Réservoirs d'Arès un no man's land de bruyères pourries d'eau comme marécage et que là, des citadins de métropole lointaine prétendaient égailler leurs gamins gamines urbains en mal d'air pur.

Elle en était. Elle était, ma cousine, de ces elfes mystérieuses aux cuisses fines qui vaquaient de varechs en dunes sableuses sous lune pleine basse un peu rousse, encadrant vaguement les troupeaux erratiques de d'jeuns charentonais. Histoire de profiter elles-aussi des avantages, tant loués à Paris, de la faune locale.

Elle portait, ma cousine, un teeshirt long qui descendait bas sur ses secrets.
Et moi, et nous, étions, tous, en extase sur le triangle clair de son maillot. Gonflé de son frisotis. On ne savait pas mais on matait pour bien comprendre. On voulait savoir. La fente, le stylet et tout.

Nous, les gars de l'été, de l'autre métropole Bordeaux, on était pleins à craquer de curiosité saine, du désir de savoir.

On avait le cœur empli du besoin de connaissance. Et aussi d'y planter notre obélisque et de l'y laisser décharger ce qu'il avait à donner. Abondamment, généreusement, en longues pulsions karchérisantes.

Ma cousine avait un sourire qui nous ravissait. À fond.

Vous le comprenez, ça, vous, que les instincts soient ainsi programmés dans les neurones des humains très exactement comme ils le sont dans le frustre des animaux ?

Ma cousine, elle, souriait et on en était tout chose. On comprenait qu'elle était d'accord, consentante, et c'était bon qu'elle le soit. Elle ne disait rien, non, juste elle souriait et tous on comprenait qu'elle était l'eau vive et qu'on allait courir avec elle le long du ruisseau. Main dans sa main à gambader puis la très fort serrer dans l'herbe ou dans le sable contre soi.

Son teeshirt était gonflé de ses proéminences. Elle avait de beaux poumons et l'on comprenait qu'ils lui servaient avant tout à respirer mais aussi un peu à indiquer en rythme les directions qu'elle avait choisi de suivre.
Enfin, un peu, plutôt beaucoup.
Nous, on suivait le mouvement... Déterminés à ne pas se laisser disturber, à bien suivre la direction qu'elle indiquait d'un impératif mouvement de menton wallsien. Même si les balancements ouvraient angle plus généreux, presque ambiguë de trop large ouverture..

Le soir on avait tous rencard au Neptune, sorte de bar discothèque sur la plage genre paillote corse animé d'un vieux bonhomme fan de jazz, hot-club de France, Christian Morin, All Singer, Menphis Slim, Milt Buttner. Perruchon qu'il s'appelait, comme l'oiseau de volière qu'il n'était pas.

Ma cousine était venue ce jour-là nous visiter sans apporter d'habits de soirée. Il m'a donc fallu lui trouver vêture pour la sortie en boite. Un polo zébré éponge perso, jaune et noir, lui faisait robe ras la touffe. Mais elle a voulu à tout prix garder son maillot en dessous. Maillot clair gonflé de sa crinière frisée par devant et de ses fesses musclées par côté.
Pudique la cousine...

Les ceusses qui suivaient derrière se régalaient du tissu enfoui profond entre les deux globes charnus qui montrait le gouffre, l'abîme de perdition en ravin sans fond de l'invite.

Ma cousine a dansé avec chacun de mes copains les be-bop jazzies de Claude Luter et tous bandaient en chatoyant sa taille et relevant la robe de tissu éponge jaune clair zébré de noir, genre tee-shirt volé à un garçon.
Ma cousine savait plaire et passait repassait ses paumes sur les braguettes tendues, ses doigts et leur charnus glissant préhensiles sur les glands dégagés des prépuces tendant alègrement le denim raide des jeans.

En fin de soirée j'avais plein de copains nouveaux dévoués prêts à m'accompagner lendemain en aventures au Banc d'Arguin ou à la Leyre profonde. Pourvu qu'elle en soit.

On est rentrés et avant de la raccompagner à sa colo avec ma deuche, j'ai voulu récupérer mon tee-shirt.

Elle a dit, je garde le tee-shirt je t'offre le maillot en échange. Et elle avait déjà la culotte aux chevilles.

Moi j'étais jeune j'étais con, j'ai dit, ce tee-shirt est mien, je ne le donne pas. Et ton maillot tu peux te le garder.

À ce jour j'ai encore ce bête tee-shirt sur l'étagère de mon armoire, vain. Et surtout le regret infini de ne pas l'avoir baisée, la cousine.

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